Le zoo de Londres revisité

Au début de ma carrière de photographe, j’ai eu la chance d’assister à une exposition de Garry Winogrand. J’en ai été immédiatement et durablement impressionné. Sa capacité à s’approcher du sujet, à capter les expressions des gens sur le vif, ainsi que l’énergie dynamique de ses compositions, constituaient pour moi la marque de fabrique de son talent. Une photo qui a laissé une empreinte indélébile dans mon imaginaire – et qui est devenue une de ses plus célèbres – est celle montrant un couple élégant marchant dans Central Park en tenant des chimpanzés dans leurs bras.

Central Park Zoo, New York, 1967 © The Estate of Garry Winogrand

Cette image est à la fois parfaitement réaliste et merveilleusement irréelle : le cas typique de l’instant visuel qui pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses. Inspiré par cette photo ainsi que par d’autres prises par l’artiste dans et autour du zoo de New York, je me suis lancé dans l’un de mes premiers projets personnels, basé sur le zoo de Londres.

Situé au centre de la capitale, au cœur du majestueux et royal Regent’s Park, l’emplacement du zoo et sa raison d’être ont longtemps eu des airs de reliques de la grandeur et de la folie de l’époque victorienne. Au début des années 90, l’existence du zoo a été remise en question ; l’éveil des consciences aux sujets environnementaux semblait de moins en moins compatible avec le fait de venir voir des animaux en cage ou simplement captifs. Mon but était d’illustrer mes propres ambiguïtés sur ce lieu, et de capter certaines de ces scènes où l’homme et l’animal se retrouvent face-à-face, de manière absurde, humoristique, parfois déconcertante.

L’été dernier, en me rendant aux Rencontres d’Arles, j’ai eu le plaisir de découvrir le travail d’un photographe belge, Michel Vanden Eeckhoudt. Ses magnifiques clichés en noir et blanc, particulièrement singuliers, montrent souvent des animaux photographiés dans des contextes insolites et mystérieux ; cette découverte m’a poussé à replonger dans mes archives et à revisiter mon projet sur le zoo de Londres.

Voici une sélection de ces photos qui ont passé l’épreuve du temps, me semble-t-il. Peut-être est-ce le moment de revenir un peu en arrière, de voir de quelle manière les choses ont changé et de se demander si l’objectif peut encore saisir certains instants « Winograndesques ».

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